Qui relie Aristote et Platon à Patrick Sercu? Robert Morris

Making-of, Gembloux, juin 2020

Ma réflexion a débuté en 2017 à la lecture d’un article de psychologie portant sur le concept d’une expérience optimale appelée flow (Csikszentmihaly, 2004). Le flow y est décrit comme un état de concentration maximale, comparable à un sentiment de transe, où l’exécution gestuelle tend vers la perfection. Les sportifs, au même titre que les musiciens, comédiens ou danseurs, peuvent le vivre pendant leurs performances majeures. Ceux l’ayant subi décrivent une sensation puissante et insolite : leur conscience et leur corps disparaissent au profit d’un flux étranger. Cet article m’a permis de mettre des mots sur une expérience personnelle que je réalisais avoir partagée avec d’autres. Cet état difficilement descriptible et représentable met en avant le récit et la subjectivité de l’athlète, deux notions dont il sera question en filigrane tout au long de mon travail.

Durant la même période, la dualité corps-esprit abordée dans mon cursus scolaire est venue nourrir ma découverte. Cette notion philosophique, élaborée dès l’Antiquité par les penseurs grecs et marquant la domination de l’esprit sur le corps — ce dernier étant perçu comme un obstacle à l’élévation de l’âme, aux limites de l’être, a exercé une influence majeure sur mon travail.
Qu’apporte un dialogue entre dualité corps-esprit et flow dans un cadre artistique ?
L’effort du spectateur peut-il être intégré dans ma réflexion afin qu’il saisisse le caractère extraordinaire d’une pratique sportive ?

A travers trois oeuvres ancrées dans l’univers du cyclisme sur piste, Qui relie Aristote et Platon à Patrick Sercu ? Robert Morris, projet éponyme de mon mémoire, propose au spectateur une représentation déconstruite du flow tout en sollicitant son corps et son imaginaire.